C’est en Angleterre, à Warwick, que Michael Doherty fonde Creation manufacture en 1994. Le core business de la PME, c’est la fabrication sur mesure de flightcases et de malles en bois –renforcés de profilés en alu- adaptés au transport d’équipements fragiles : PC, moniteurs, écrans TFT et plasma dans le domaine informatique, matériel médical, son (tables de mixage, enceintes, micros, pieds), éclairage (projecteurs), divers (appareils électroménagers, meubles). La concurrence vend sur catalogue ses produits en série ? Eh bien, l’entreprise va se différencier par des commandes qui collent aux besoins de ses clients : dimensions, aménagement intérieur (compartimentages, mousses de protection), accessoires (attaches, coins boucles, poignées, roulements), finition. Bientôt, une autre activité se développe : c’est la décoration scénique, à partir de panneaux de bois inifugé. Parce qu’elle croit au projet, Catherine Ruidant quitte son job dans une grande chaîne d’hôtel pour s’associer à Michael Doherty. Elle va l’aider à sortir de Grande Bretagne.

Le flighcase comme activité industrielle

La jeune femme connaît bien la Belgique d’où elle est native. Après trois ans, elle décide d’y implanter un bureau de vente. Installé à Luttre dans la rue Pestelin, il va se transformer en SPRL en 2000, avec son propre siège de production. Creation manufacture Belgium poursuit la même activité que sa société sœur du Royaume Uni, mais concentre ses efforts sur l’Europe continentale. Nous sommes surtout présents en Belgique et en Allemagne avec les flightcases et les racks qui représentent 40% du chiffre d’affaires, indique la gérante. Comme c’est le cas en Angleterre, l’entreprise fournit les coffrets de transport de l’équipement du team olympique belge d’arc à flèches. Un modèle adapté à leur sport, suivant les demandes de la championne britannique Suzanne Mc Grath. Dans le secteur des loisirs, la PME adapte des flightcases pour le transport des fusils de chasse et des armes de tir de compétition. « Toutes les applications sont possibles. Nous prenons les mesures ou empreintes chez le client. L’usage déterminera le choix des mousses haute densité, des accessoires et des options.

Décors et mobilier scéniques

Mettre les ressources de l’atelier au service d’une activité de création : c’est l’autre idée géniale de Michael Doherty qu’exploite comme lui son associée à Luttre, avec la branche décoration et ameublement scénique. Modules pour séminaires, conférences, designés en harmonie avec les lieux et les couleurs des événements. La PME conçoit des ensembles dans lesquels vont s’intégrer des écrans de projection, logos, éclairages, éléments de mobilier (pupitres d’orateurs, vitrines, tables, fauteuils, chaises). Elle les représente en 3D dans leurs environnements avant de les construire et de les installer. Le service est assuré de A à Z. « Nous faisons tout ce qui touche aux lumières et à la décoration, en dehors de la sonorisation ». Si Création manufacture dispose d’un fonds d’équipement en éclairage et mobilier, ses décors réalisés dans des panneaux inifugés sont toujours personnalisés et habillés avec goût. La PME peut également livrer des stands d’exposition clef sur porte. Elle compte de prestigieuses références du groupe Hilton à la Communauté Européenne en passant par les éditions du Lombard, Kana, Red Hot Locations, Unisys ou Cadburry Schweppes…

Catherine Ruidant

Après des études de langues à Bruxelles, Catherine Ruidant entre dans le secteur hôtelier. Elle y est chargée d’organisation de séminaires d’abord pour le groupe Martin’s, puis pour Hilton qui l’envoie en Grande Bretagne. C’est là qu’elle rencontre Michael Doherty. Ensemble, ils misent sur la qualité de production et le service à la clientèle pour développer leur affaire. Ca marche, malgré la rude compétition qu’ils rencontrent dans le secteur. L’étape suivante de leur projet, c’est la création d’un département de visuel 3D. « Nous disposons dans ce domaine d’une expertise et d’un savoir-faire rares. Nous voulons l’offrir aux organisateurs d’événements. C’est un créneau porteur »
L’intention est aussi d’augmenter les parts de marché en décoration scénique dans le Hainaut et en Brabant wallon. « Bien que ce soit notre région d’implantation, nous y sommes peu connus. »
La PME envisage enfin le regroupement sur un site de ses activités belges de production et de vente. 

Expériences d'entrepreneurs en 4 questions et réponses

Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?

J’ai vu les opportunités commerciales qui existaient en Belgique pour les produits de notre gamme. Il était difficile de vendre sur le continent au départ du Royaume Uni. C’est ainsi qu’un bureau a ouvert, avant de prendre la forme d’une entreprise commerciale de droit belge avec son propre atelier de production. Au départ, le flightcase était notre cheval de bataille. La décoration et le mobilier scéniques ont gagné du terrain. Je suis confiante sur le potentiel de croissance de ce secteur, même si le Belge y consacre encore moins d’argent que l’Anglais ou le Français.
 

Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?

J’en identifie trois : il y a d’abord eu la complexité de l’administration. Les choses sont plus simples au Royaume Uni pour constituer une entreprise. Ici, il faut se montrer persévérant, voire combatif. Nous avons ensuite rencontré des difficultés à obtenir un fonds d’investissement de départ : c’était pourtant indispensable si nous voulions acheter des matières premières pour démarrer l’activité. Enfin, le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, c’est le cap de l’engagement. A l’atelier, nous travaillons avec du personnel intérimaire. La fluctuation des commandes ne nous autorise pas à embaucher de la main d’œuvre fixe. 

 
Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?

La liberté de travailler pour soi. Quand on a la chance d’exercer l’activité que l’on aime, on en retire déjà forcément du plaisir. Mais la satisfaction augmente lorsqu’on le fait dans sa propre entreprise : je ne regrette aucune des heures que je consacre à ma PME. Ses résultats, son évolution, ses références m’encouragent à poursuivre mes efforts.

Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?

Je suis convaincue que la clef du succès se trouve en chacun de nous : c’est notre capacité à croire en ce que l’on fait, à vouloir atteindre nos objectifs. On ne peut évidemment pas réussir dans une activité pour laquelle on ne se passionne pas. Cela dit, il me semble qu’il faut chercher à se différencier de l’offre du marché, et que la qualité de son produit ou de son service reste le meilleur argument de vente.