Après huit ans dans le secteur de l’informatique financière, Frédéric Lentz décide en 96 de créer sa propre société afin de proposer directement ses compétences pour la mise en oeuvre de solutions aux opérateurs financiers. Pour se faire reconnaître, il développe un logiciel de gestion de titres qui répond aux besoins exprimés par les brokers (agents de change), les banques mais aussi les assurances. « CUSTY » comme l’appelle son concepteur va permettre à Custy de gagner ses premières références. Il s’agit notamment de Banca Monte Paschi, Commerzbank, Mercator Banque et Fortis Luxembourg Assurance.
Ce qui séduit les clients, c’est l’approche différenciée que le bureau d’ingénierie informatique a de leurs métiers : les spécificités fonctionnelles et techniques sont intégrées dans les solutions mises en œuvre. Pour une efficacité opérationnelle optimale, la PME se conforme aux choix technologiques de ses clients. De même, elle utilise les méthodologies d’analyse les plus appropriées aux projets.
Des besoins en mutation
L’évolution des besoins des institutions financières va faire évoluer l’activité de l’entreprise qui ouvre un siège sur l’importante place financière de Luxembourg. « A l’horizon de l’an 2000, les opérateurs commencent à offrir des services sur Internet » explique le général manager Frédéric Lentz. Et il leur faut donc adapter leurs solutions informatiques. La PME va saisir le créneau : elle conçoit des logiciels de web banking pour diverses applications.
Selon les cas, soit Custy implémente des produits de web banking complets, soit les modules de CUSTY sont utilisés comme composants de base. Mais il arrive aussi que seule l’expertise soit exploitée dans des missions d’étude, de conseil, de développement sur mesure. Peu à peu, l’entreprise devient un partenaire connu dans le secteur de la finance et de l’assurance. Il gagne la confiance de groupes comme Fortis, Dexia, ou ING. La PME intervient en maintenance, support utilisateurs, conception d’applications de comptabilité de titres, gestion de courrier clients, d’actifs financiers ou de produits dérivés.
CUSTY Direct Banking
Le résultat le plus récent de cette évolution, c’est la suite logicielle CUSTY Direct Banking mise en oeuvre chez Ethias Banque en 2004. Comme l’observe Christian Fizaine, le sales manager, « cette solution est techniquement conçue pour servir un grand nombre de clients en ligne au départ d’un hardware modeste ». Il ajoute que « les performances de CUSTY Direct Banking sont notamment attestées par les résultats obtenus à l’occasion de tests de charge mettant en oeuvre une base de données d’un million d’utilisateurs et supportant un débit impressionnant de cent transactions simultanées par seconde ».
De manière générale, les suites logicielles développées par Custy sont réalisées dans un esprit d’ingénierie avec une parfaite maîtrise technologique, tout en présentant un important contenu fonctionnel. En aval de ses services de développement, la PME assure également des formations spécifiques à l’attention de ses clients.
Frederic Lentz
Ingénieur civil électricien de formation, c’est dans l’informatique financière que Frédéric Lentz entame sa carrière professionnelle, un secteur qu’il ne quittera plus. Après une année chez Crésus Real Software qui commercialise des logiciels boursiers et de gestion de portefeuilles, il est embauché par Callataÿ et Wouters à l’issue de son service militaire, une entreprise spécialisée dans le développement de solutions informatiques pour les banques. Cette expérience va nourrir son projet : car développer son affaire est un besoin chez lui. Il a la vocation de l’entrepreneur. La société Trasys est son premier client, en lui confiant la responsabilité de la création et du développement de sa ligne de produits « banking ». Ce contrat de management externe va lui permettre de libérer ses premiers fonds propres, tandis qu’il engage trois collaborateurs –des anciens collègues- pour réaliser le projet qu’il a identifié : un logiciel de gestion de titres qu’il ne va pas cesser d’améliorer pour l’adapter aux besoins du marché. Les succès commerciaux se suivent et les équipes s’étoffent avec l’arrivée de jeunes ingénieurs. A la fin 2005, Custy devrait quitter ses bureaux de Gilly pour un nouveau siège d’exploitation.
Expériences d’entrepreneurs en 4 questions et réponses
Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
Créer une entreprise est quelque chose que l’on porte en soi : je suis fondamentalement entrepreneur ; c’est ainsi qu’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu m’installer à mon compte. Pour le faire, encore fallait-il trouver un bon projet. J’ai pris le temps de l’identifier : mes compétences dans l’informatique financière m’ont amené à offrir des services à la communauté des banques et des assurances, et plus spécifiquement avec un produit de back-office titres qui restait un talon d’Achille des institutions bancaires. Mais ce qui a été notre produit phare hier l’est moins aujourd’hui. Nous travaillons sur un marché où les besoins évoluent très vite : ce que demandent désormais nos clients, ce sont des solutions performantes et directement accessibles par leur propre clientèle.
Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
J’en distinguerai deux. D’une part, l’instabilité du marché. Le monde de la banque et de l’assurance va de fusions en acquisitions. Les besoins et les interlocuteurs évoluent fortement dans ce contexte. Toutes les décisions en matière IT ne sont plus nécessairement prises ans les sièges belgo-luxembourgeois de nos clients.
L’autre difficulté, c’est la maîtrise des ressources humaines. Il faut les faire correspondre avec la gestion de nos projets, c'est-à -dire assurer une bonne adéquation entre les compétences internes et la demande du marché.
Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
La réussite de mon projet d’entreprise. C’est une grande satisfaction d’avoir pu la monter. En tant qu’employé, on ne dispose pas de la même liberté d’entreprendre. Ici, je suis autonome, plus responsable dans mes choix. Il ne s’agit pas de chercher les responsabilités pour elles-mêmes, mais pour ce qu’elles apportent en termes de valeur ajoutée et de satisfaction quand les projets aboutissent.
Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Il faut être très bon et même carrément essayer d’être le meilleur dans sa discipline pour réussir son entreprise. Vendre du vent ne dure jamais longtemps. Un bon artisan, un bon ingénieur n’a en principe pas de souci à se faire : il aura toujours du boulot.




















