L’histoire des Grandes Distilleries de Charleroi commence au début du siècle dernier avec la création d’un négoce de denrées coloniales. Fernand Depasse ne tarde pas à concentrer ses efforts sur la vente de cafés et de genièvre, plus rentable. L’entrepreneur a trouvé sa vocation. L’affaire prospère dans l’entre deux guerres. En 1946, son fils qui en a repris la gestion constitue la société anonyme GDC. Il faudra attendre la reprise par ses enfants, Philippe et Pol, pour la voir évoluer considérablement : les deux frères élaborent et commercialisent des alcools et spiritueux sous des marques de distributeurs. Au milieu des années septante, après le rachat des distilleries associées belges, la PME débute ainsi le soutirage à façon pour les enseignes : le chiffre d’affaires explose littéralement. D’exercice en exercice, GDC augmente ses volumes. En dix ans, de 75 à 85, la firme passe de 800.000 à 6,7 millions d’euros.
Internationalisation
Apéritifs, produits à appellation contrôlée (cognac, scotch, whisky, etc.), eaux de vie, liqueurs, l’entreprise conçoit, fabrique, importe et embouteille en private label (80% de l’activité) ou en marque propre (20%) quelque 4 ,5 millions de cols par an. En 88, les Grandes Distilleries de Charleroi développent un nouveau département de vente de vins. C’est aussi l’époque à laquelle le service exportation voit le jour. La création du logo GDC va faciliter l’internationalisation du nom qui s’exporte aujourd’hui en Scandinavie, Suisse, Allemagne, Espagne, Afrique Centrale, Amérique Latine, Grand Duché de Luxembourg, Hollande et bien sûr France où une filiale avait déjà été mise en place dès 1993. Cinq ans plus tard, Philippe et Pol Depasse y rachètent la plus ancienne distillerie des plats pays (Claeyssens de Wambrechies) qui produit un genièvre artisanal d’une qualité exceptionnelle à base d’orge et de seigle maltés. Classés monument historique, le site et son outil représentent une attraction majeure dans le Nord de la France. GDC a également pris le contrôle de la distillerie Loos dans l’Hexagone. C’est à Jumet que toute la production de genièvre des unités françaises est embouteillée : l’usine dispose de deux lignes de soutirage, dont l’une d’une capacité de 5000 cols à l’heure.
Créativité et expansion
La gamme d’apéritifs sans alcool Funny apparaît en 90. Elle devient l’un des constituants de la politique de promotion de GDC. En 1989, l’entreprise participe à sa première foire Vinexpo à Bordeaux qui va lui ouvrir les portes du marché français. C’est en 1995 que se met en place la division « Wines of the world », spécialisée dans les vins du nouveau monde. Les Grandes Distilleries de Charleroi obtiennent la commercialisation de vins MO en agences. Sur un marché où la consommation d’alcool est à la baisse, ce secteur en expansion contribue au maintien du chiffre d’affaires, autour de 15,5 millions d’euros. Sur le site de production de Jumet, près de quarante travailleurs sont occupés aux opérations de soutirage, à la manutention, à l’expédition, à la vente et à l’administration. Il faut y ajouter une quinzaine d’emplois en France. Première entreprise belge de production et d’importation d’alcools, liqueurs et spiritueux à être certifiée Iso 9002 en 1997, GDC vient d’obtenir le label BRC AVI/SME pour les marques de distributeurs.
Philippe et Pol Depasse, administrateurs
C’est en 1971 que Philippe Depasse est appelé à la succession de son père aux commandes des Grandes Distilleries de Charleroi. Pol le rejoint trois ans plus tard. Liquoristes de formation, ils se partagent les fonctions de direction : le premier gère les finances et le commercial, son frère le développement des produits et la technique. Créativité et flexibilité sont les maîtres atouts de leur management. Le souci d’innovation se traduit à tous les étages : c’est ainsi que l’entreprise a profité du passage en l’an 2000 et de la mise à jour de son informatique pour implanter le puissant logiciel SAP. En 2005, elle a investi dans une étiqueteuse moderne qui permet l’utilisation de différents types d’étiquettes, papier ou autocollantes. L’assortiment est en constante évolution : il compte un peu plus de 400 articles, dont 150 références en alcools et spiritueux. Après la mise au point d’une gamme à base de crème (California Finest, 9 produits), GDC travaille sur de nouveaux cocktails.
Expérience d'entrepreneur en 4 questions et réponses
. Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
Au début des années septante, les marques propres étaient peu présentes en grande distribution. Il y avait donc un réel potentiel qui a retenu toute notre attention. Nous avons décidé d’exploiter ce créneau en produisant des alcools et liqueurs au nom des marques d’enseigne, en private label. C’est ce qui nous a permis d’augmenter considérablement notre volume d’activité et notre chiffre d’affaires : l’explosion de GDC, c’est à cette époque là .
. Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
La concentration des grossistes et des groupes de distribution nous soumet à une pression de plus en plus importante sur les prix. C’est un phénomène qui s’accentue depuis une petite dizaine d’années, sous l’effet de la globalisation de l’économie. Les petites enseignes nationales disparaissent pour faire place à de puissants groupements d’achats qui s’approvisionnent internationalement. Pouvoir assurer des commandes aux volumes croissants tout en conservant la qualité de nos produits représente pour nous un réel défi. C’est une difficulté majeure pour notre développement.
. Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
Pouvoir se dire que quarante familles vivent directement de nos activités représente la plus belle des satisfactions, surtout dans le contexte économique difficile que nous connaissons actuellement. Nous sommes très attentifs à cette dimension sociale.
. Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Il est préférable de d’abord se former dans une grosse entreprise avant de s’intégrer dans une PME, voire de développer son projet. Il nous semble important d’avoir une vue globale de son activité pour bien la contrôler, ainsi que la connaissance de plusieurs langues : s’il n’est pas impossible de réussir en n’en maîtrisant qu’une, passer par un interprète ne permet jamais d’avoir le feeling nécessaire pour traiter avec des partenaires étrangers.


















