C’est en avril 2004 que la société (devenue anonyme en janvier 2005) apparaît avec une activité de distribution à valeur ajoutée. Au départ, Indium concentre exclusivement ses efforts sur la commercialisation d’équipements de mesure et de régulation pour l’industrie, un créneau que Raimondo Di Bono connaît bien. Il a travaillé dix ans dans le secteur : Grâce au cautionnement de grands fabricants comme Honeywell, Vishay, Measurments (Nobel), FCI, Arc Informatique, Elis, Gemini, Yamatake, etc. la PME devient l’agent exclusif pour la Belgique et le Luxembourg. Elle commercialise une gamme de systèmes d’analyse et de surveillance de température, débit, niveau, pression, sécurité, pesage qu’elle adapte aux besoins des procédés existants ou sur de nouvelles lignes. Elle en assure aussi l’après vente. Si l’activité de distribution représente encore 75 à 80% du chiffre d’affaire d’1,15 million d’euros en 2005, elle est appelée à se stabiliser au profit de la consultance et de la vente de l’indibox, un concept innovant sans concurrence dans l’industrie.
La créativité au service de la productivité
Tous les secteurs cherchent à augmenter le rendement de leurs outils : c’est pour en optimaliser le fonctionnement qu’Indium a conçu une solution intégrant trois niveaux de logiciels : analyse et calcul, gestion de la communication et simulation. L’indibox est le fruit de dix années de recherche et de la fusion de diverses technologies. Sa vocation est d’augmenter le rendement des machines et des chaînes en réduisant les incidents et pannes, avec une sécurité accrue du personnel et une meilleure qualité des produits. On peut véritablement parler d’une boîte intelligente améliorant les performances industrielles. Les chiffres sont éloquents : dans le secteur automobile, son implantation a permis à une nouvelle chaîne de montage d’atteindre un rendement de 99,6% six semaines après son ouverture. Un laminoir à fil a vu son volume grimper de 10%. Compatible avec tous les équipements de production (capteurs, automates programmables, réseau d’entreprise) grâce à sa connectivité ouverte, l’indibox reconnaît tous les protocoles de communication. Quand d’autres systèmes s’en tiennent à des diagnostics, il propose des solutions et en calcule l’impact.
Un concept commercial innovant
La première étape d’intervention de l’indibox, c’est la « signature de production » : un film détaillé du fonctionnement de l’outil qui va servir de référence. Dans un second temps, la boîte intelligente établira un hit parade des améliorations possibles au départ de ses enregistrements de données. Elle en simulera la mise en œuvre pour en mesurer l’impact en termes de gain de performances et de profitabilité. Sa dernière fonction consiste enfin à suivre l’évolution des indicateurs et à veiller à les maintenir, avec un système d’alarme en cas d’incident, de baisse de régime ou de menace sur la sécurité. En dehors de l’optimalisation du fonctionnement des outils de production, le concept permet donc de s’assurer de la conformité du rendement des équipements aux indications de leurs fabricants. L’installation du produit réclame une préconfiguration. Indium ne le vend qu’au terme d’une double mission de consultance qui en valide la redoutable efficacité : après une intervention sur la signature de production, ses ingénieurs interviennent dans le cadre de l’amélioration de la productivité. C’est sur les bénéfices dégagés qu’Indium se rémunère, si bien que ses prestations sont financées sur des profits.
Raimondo Di Bono
Ingénieur industriel de formation, Raimondo Di Bono quitte l’université de Mons en 91 pour entrer dans le secteur de l’automatisation. Il y restera quatre ans avant de devenir ingénieur conseil, puis directeur commercial d’une entreprise flamande spécialisée dans la distribution d’équipements de mesure, avec un marché en télémétrie qu’il contribue à développer. Quand son employeur décide de recentrer son business sur le box moving (composants électroniques), il décide de poursuivre son chemin seul. Ou plus précisément avec deux associés : un ami de faculté, Farid Zidazi, qui veut se reconvertir dans l’informatique industrielle, et l’ancien président de Fabrimetal Hainaut-Namur, Robert Baudoux, qui lui apporte son expérience dans le montage de dossiers. C’est ensemble qu’ils mettent au point la stratégie commerciale et industrielle. L’entreprise se développe et occupe huit temps pleins à la mi 2005, dont quatre indépendants. Pour la diffusion de son concept, elle cherche des partenaires à l’étranger et en assure la formation. Très vite, des conventions sont passées avec des distributeurs au travers le monde. Indium s’entoure de consultants dans tous les secteurs où des commandes lui sont passées : ses ingénieurs sont ainsi appelés à travailler en collaboration avec des spécialistes de la sidérurgie, de l’automobile, de l’industrie du sucre, etc.
Expérience d'entrepreneurs en 4 questions et réponses
. Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
La rencontre des trois associés complémentaires m’a permis de faire sauter les barrières qui pouvaient freiner le projet qui germait dans ma tête à savoir les ressources techniques apportées par Mr Zidazi et les ressources administratives apportées par Mr Baudoux.
A 36 ans, j’étais mûr pour évoluer dans ma propre entreprise, avec l’appui de grands fournisseurs qui nous donnaient l’opportunité de la distribution exclusive de leurs produits pour la Belgique et le Luxembourg.
Avec mes associés, nous avons alors commencé à réfléchir au cahier de charge de l’indibox dont nous voulions faire notre produit de référence. Parallèlement au développement, nous avons travaillé à préparer le terrain de l’exportation.
. Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
Elle est d’ordre financière. Dès le départ, nous avons été confrontés à un problème de fond de roulement : il nous faut en effet payer nos fournisseurs à 30 jours pour des produits que nos clients règlent à 75 ou à 90. Si bien que nous devions pouvoir soutenir 45 à 50 jours d’attente tout en investissant dans la mise au point de notre produit. Sambrinvest nous a accordé un prêt subordonné et il faut saluer d’autres formes d’aides régionales (emploi, exportation via l’AWEX, etc.), mais le manque d’enthousiasme des banques commerciales ne nous a pas évité de gaspiller beaucoup d’énergie à résoudre des problèmes au lieu de la consacrer utilement à nos affaires.
. Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
Un statut de salarié ne m’aurait pas permis de développer aussi vite le concept. Il aurait fallu convaincre la hiérarchie de l’intérêt du projet et des investissements. Ici, nous sommes parti de zéro et avons tout réalisé. A titre personnel, j’ai toujours eu une âme d’inventeur : l’indibox est la mise en œuvre d’une idée qui mûrissait depuis près de cinq ans. Nous en avons fait un produit, une valeur sûre pour l’industrie. C’est une source de satisfaction.
. Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Penser à commercialiser son produit ou service en le développant. Beaucoup de sociétés mettent des inventions au point sans vraiment réfléchir à la façon de les vendre. Pourtant, c’est primordial pour rentabiliser un investissement : la recherche coûte cher, il convient donc de pouvoir récupérer au plus vite son capital quand le produit est prêt. Dans ces conditions, une bonne maîtrise de la stratégie commerciale est indispensable. Il faut savoir comment, où, avec qui, on va s’y prendre. Y penser trop tard, c’est prendre le risque d’un échec.


















