Depuis quelques années, l’entreprise diversifie son offre : elle a mis au point des presses, équipements de sertissage de tambours de laves-linge, séchoirs et dernièrement un jack pour la construction de silos et de tanks.
L’histoire commence au début du siècle dernier. En 1906, le nom de Remy apparaît dans le secteur des fabrications métalliques. Il faut attendre les années soixante pour que l’entreprise développe son core business autour des machines pour le secteur des emballages métalliques, depuis l’étude à la maintenance en passant par la construction. En particulier pour la fabrication de fûts. Si elle produit en série au départ, il faut s’adapter aux besoins spécifiques des clients. C’est ainsi que la PME ne conçoit plus aujourd’hui que sur mesure : les capacités de ses implantations manuelles ou automatisées varient de 60 à 800 pièces à l’heure pour des volumes de fûts de 20 à 250 litres, selon différents diamètres et hauteurs. Il peut s’agir de lignes complètes dans lesquelles les ingénieurs intègrent des équipements de découpe, peinture, finition. Remy International travaille pour tous les secteurs de l’industrie, du nucléaire à l’alimentation, en passant par la pharmacie, la chimie, le pétrole…
Diversification
Au départ d’un produit qui représente encore 75% du chiffre d’affaires, l’entreprise a diversifié son offre industrielle : depuis le milieu des années 80, elle installe des machines de formage de tôles épaisses adaptées à la fabrication de bouteilles à gaz. Disponible en différentes versions, il y a encore l’écraseuse-meuleuse de cordons de soudure qui élargit la gamme complétée très récemment par le « jack », sorte de crick géant qui sert à monter et souder les éléments de silos et de tanks. Remy international occupe onze travailleurs en dehors de ses administrateurs Jean et Luc Matthews et de la main d’œuvre d’appoint. Six dans l’atelier de construction et deux dans le bureau d’études. Si le siège de la PME est établi à la rue des Marlaires à Gosselies, son réseau de vente s’appuie sur des agents à l’étranger. La société compte des références dans plus de cinquante pays : Asie, Afrique, Australie, Amérique du sud et du Nord ; sans oublier l’Europe.
A la recherche de nouveaux marchés
Remy est à la recherche de nouveaux marchés. Et de produits d’avenir pour compenser l’érosion prévisible des commandes dans son créneau de référence. Le développement du « jack », c’est l’exemple à suivre. Nous avons eu une demande pour ce type d’équipement aux Etats-Unis. Nous avons fait le tour du marché avant de nous mettre au travail sur la table à dessin. De la conceptualisation, nous sommes passés à la construction : 36 pièces ont été livrées en 2002. Nous sommes en mesure de répondre à de nouvelles commandes. Le produit est très compétitif.
Jean et Luc Matthews
Leur père qui travaillait dans l’entreprise depuis les années soixante en avait racheté les parts au milieu des eighties. Jean et Luc Matthews ont pris sa succession en 1995, et se partagent la direction commerciale et administrative. « Ce que nous plaçons au cœur de notre projet, ce sont les relations humaines » disent-ils. « Nos clients apprécient notre disponibilité dans n’importe quel pays, n’importe quand. Nous sommes à l’écoute de leurs besoins pour leur fournir une solution adaptée. La qualité de notre service après-vente est un élément de notre succès. » A vrai dire, Remy jouit d’une reconnaissance mondiale : « la renommée de la société nous rapporte davantage de demandes d’offres que nos opérations de prospection directe. » Face au marché stagnant des machines de fabrication de fûts, la volonté est de poursuivre la diversification, dans un souci d’innovation permanent. Comme dans toutes les PME, les administrateurs privilégient enfin la polyvalence de leur personnel.
Expériences d'Entrepreneurs en 4 questions et réponses
• Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
On ne va pas parler de la création qui nous ferait remonter trop loin dans le temps, mais de l’évolution continue de l’activité. A tous les niveaux de l’entreprise, nous nous efforçons de rester à la pointe. Il faut être à l’écoute du marché, anticiper les besoins. Y compris quand on jouit d’une renommée internationale comme c’est notre cas. Se reposer sur ses lauriers, c’est prendre le risque de se faire débarquer un jour par un concurrent solide. Il faut être en permanence en état de veille, attentif à la qualité de ses produits, à leur design : nous nous y efforçons. Ce n’est pas toujours évident de diversifier son activité, mais nous avons montré ces dernières années notre capacité d’adaptation au changement. En résumé, il n’y a donc pas une idée à la base de notre évolution, mais une écoute des clients, une perception des besoins.
• Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
Sortir les collaborateurs de leurs habitudes, leur imprimer un nouveau rythme, changer leur culture et leur organisation du travail. Lorsque l’on reprend une entreprise, on hérite d’une situation qui ne correspond pas forcément à son projet d’affaires. Dans notre cas, nous avons rencontré des résistances liées à l’âge du personnel qui était en place. Il a fallu prendre des décisions difficiles, mettre des travailleurs en pré pension. Pour imposer notre vision de l’avenir, il fallait l’adhésion de l’ensemble des membres de l’équipe.
• Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
Le défi d’être entrepreneur et de se trouver à la barre d’un navire sur lequel il faut garder le cap en veillant à ce qu’il ne prenne l’eau de nulle part. L’expérience nous apprend à écoper de moins en moins au fil du temps. Un capitaine est son propre maître, mais il a des responsabilités multiples, humaine, économique... C’est un sentiment que l’on ne peut éprouver dans un autre statut que celui de gestionnaire. Il y a des sacrifices, du stress, du travail, mais l’expérience vaut le coup.
• Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
La gestion est très importante. Il faut y rester attentif au quotidien. Beaucoup d’entreprises périclitent par un manque de suivi. Au-delà de la vente et de la technique, une bonne administration est essentielle au succès en affaires. Il convient également de pouvoir déléguer. Un patron ne doit pas se laisser envahir par des tâches qu’il peut confier à des collaborateurs, ou à des sous-traitants. Il doit pouvoir et savoir prendre du recul pour se poser les bonnes question. Chercher conseil sans hésiter. C’est primordial.


















