L’histoire de la SA Vewi commence à la fin des années 80 : la crise qui frappe à l’époque les productions maraîchères amène Raphaël Vermeiren à chercher de la valeur ajoutée pour les chicons qu’il cultive avec son épouse à Obaix. Il décide de les cuire pour les présenter en roulades. Plus de quinze ans plus tard, le produit reste le cheval de bataille de l’entreprise avec 30% du chiffre d’affaires contre 80 au milieu des années nonante. En 91, un choix s’impose entre l’agriculture et le catering. Le couple décide d'investir dans du matériel de cuisson sous vide –qui permet des durées de conservation plus longues- pour progresser sur le marché des collectivités (CPAS, écoles, hôpitaux, maisons de repos…). Les premiers temps sont difficiles : pour suivre les commandes, Raphaël et sa femme sont obligés de travailler jour et nuit, il leur arrive même de dormir devant le four. La recette de Vewi est simple : pas d’additifs ni de conservateurs. Quels que soient les produits mis en œuvre, ils sont cuisinés de façon naturelle. La philosophie n’a pas changé, même si la carte qui comptait une dizaine de plats à l’origine en décline près de trois cent, dont quarante classiques.
Une carte évolutive
L’intervention de Sambrinvest comme coactionnaire est déterminante dans le développement de l’entreprise : une usine est construite sur l’emplacement des anciens bâtiments agricoles des Vermeiren à Obaix. L’entreprise devient l’une des premières du secteur à répondre aux normes européennes HACCP. Choisie comme atelier pilote de référence par l’université de Liège, elle est agréée Quality Control. Pour rencontrer les exigences de la grande distribution, elle entame en 2005 les démarches en vue de l’obtention de la certification BRC (British Retail Consortium). Vewi s’adapte à la demande. « Nous aimons construire avec nos clients, composer avec eux la recette, à leur goût. » De même, l’approvisionnement s’exécute dans le conditionnement et les volumes souhaités : poids (de 150 gr à 5 kgs), emballages (raviers, barquettes, poches) sont appropriés à l’usage. Des enseignes de restaurants comme AC, Carestel, Lunch Garden font appel à Vewi. La PME propose un vaste choix de préparations et de viandes en sauces de conception maison : boulettes, volaille, porc, bœuf, saucisse, vol-au-vent avec des accompagnements de légumes saisonnier. La carte est en permanente évolution.
Capacité de production triplée
Le mode de cuisson permet des conservations « longue durée », de 30 à 60 jours. La PME est organisée pour fonctionner en flux tendu et répondre aux commandes de dernière minute de ses clients. Chaque jour, elle fabrique au minimum une douzaine de produits sur ses chaînes, au nombre de trois à quatre. Une ligne est réservée pour rencontrer les besoins les plus pressants : d’une superficie de mille mètres carrés, l’usine verra sa capacité triplée à la fin 2005 avec la mise en service d’un deuxième atelier avec installations de stockage. Les installations se distinguent par l’exploitation de la technique du froid différé, source d’économies d’énergie pour l’entreprise. Des dizaines de milliers de portions de recettes cuisinées quittent l’entreprise quotidiennement. Les matières premières (viande, légumes) arrivent le plus souvent fraîches ou surgelées : après une préparation à froid, elles sont conditionnées et enfournées pour une cuisson sous vide. Vewi occupe dix-huit travailleurs temps plein à durée indéterminée. Des intérimaires – de 5 à 10- viennent renforcer l’équipe de façon quasi permanente. L’entreprise écoule 70% de sa production en Flandre, contre 30% en Wallonie.
Raphaël Vermeiren
Technicien agronome de formation, Raphaël Vermeiren se consacre à la culture maraîchère dès la fin des années septante, en tant qu’indépendant, après un bref passage dans le secteur du commerce de détail en alimentation. Ce sera d’ailleurs sa seule expérience d’employé : recruté en 1977 par son frère qui exploite une supérette, il passe un an à ses côtés puis s’installe à son compte. Le produit qu’il va cultiver, c’est le chicon, jusqu’à ce que la crise le pousse à la reconversion. S’il reste fidèle au produit, il décide de le transformer en le mettant en œuvre dans une préparation cuite sous vide, pour en prolonger la durée de vie. En 1990, ce procédé qu’il développe sur le marché en compagnie de son épouse est encore très peu répandu. La force de l’entrepreneur, c’est son sens de l’innovation : durant quinze ans, il fait évoluer sa carte, recherche à l’améliorer par l’introduction de nouveautés. La dernière en date est une gamme de produits asiatiques à base de poulet et de porc. Si tout est prêt, la commercialisation ne débutera qu’en 2006 quand la nouvelle usine sera opérationnelle. Si Raphaël Vermeiren et sa femme sont attachés au caractère familial de leur PME, le maintien de Sambrinvest au sein de l’actionnariat leur permet de profiter de son analyse financière. « Elle complète notre approche de fabricants. »
Expérience d'entrepreneur en 4 questions et réponses
. Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?
Augmenter la valeur ajoutée de notre production maraîchère par une activité de transformation. Rapidement, il nous est apparu que nous ne pourrions pas concilier les deux activités. Nous avons renoncé à la moins rentable pour nous concentrer sur la cuisson sous vide de roulades de chicons, puis d’autres préparations cuisinées à base de produits frais. En quelque sorte, nous avons été des pionniers dans le concept de la fourche à la fourchette.
. Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?
Trouver les fonds de départ pour financer la création de l’activité. Pour notre premier prêt de 30.000 euros, nous nous souvenons avoir du faire le tour de toutes les banques de la région à la recherche d’un interlocuteur qui croit en notre projet. Les invest nous ont vraiment aidé à développer l’affaire. Sans notre partenaire Sambrinvest, l’expansion aurait été sérieusement compromise.
. Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?
Devenir indépendant, c’était une vocation. Le statut nous convient. Notre première satisfaction réside dans l’évolution de l’entreprise : elle arrive là exactement où nous voulions qu’elle soit. En 2005, Vewi occupe 25 emplois. Bien qu’il s’agisse d’une PME, cela représente un maillon de l’économie wallonne. Notre satisfaction est aussi celle de répondre aux besoins de nos clients par une offre parfaitement adaptée. Nous avons encore des ambitions pour l’avenir.
. Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Le plus important nous semble être de croire en ce qu’il veut faire et de se montrer courageux pour y arriver. Le succès d’une entreprise se paie en persévérance et en travail. Il faut avoir un tempérament de battant pour atteindre ses objectifs : celui qui n’est pas prêt à se battre ne peut pas gagner, mais on augmente ses chances quand on est déterminé et qu’on a la foi en son projet.


















