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VIRIDAXIS ouvre la « voie verte »
05/01/2006  – VIRIDAXIS
Spin-off de l’UCL, Viridaxis –la voie verte- a conçu et breveté des méthodes innovantes de production de parasitoïdes pour la lutte biologique contre les pucerons. Après le marché des serres, la PME vise celui des cultures ouvertes : le potentiel est énorme.

Simplifier les procédés de production, en diminuer les coûts, en réduire la durée avec suppression des risques phytosanitaires : après sa thèse de doctorat dans le laboratoire du Pr Hance à l’Université catholique de Louvain, Vincent Cambier va travailler à la recherche de substituts de production de parasitoïdes. Il travaille sur les solutions nutritives artificielles. Concrètement, il s’agit de mettre au point des leurres qui permettent à ces mangeurs de pucerons de se développer en dehors de leur environnement. Pour les fournir au monde agricole qui les utilise dans la lutte biologique, les fabricants traditionnels doivent disposer d’importantes installations de serres chauffées. Les coûts de revient sont alourdis par les investissements en plantations, les charges de main d’œuvre pour l’entretien et la récolte des parasitoïdes. Le chef de projet identifie deux méthodes de production alternatives. 

Du projet à la spin-off

Pour leur conception, Vincent Cambier bénéficie d’un programme first spin-off de la Région wallonne. Une étude a validé l’intérêt économique du produit : substitut aux insecticides qui posent des problèmes de résistance avec une rémanence peu élevée en serre, les parasitoïdes représentent en Belgique 80% du marché. Les recherches aboutissent au brevetage mondial d’un procédé : l’équipe développe des capsules de biopolymères qu’elle emploie comme un leurre du puceron qui sert à la reproduction de son parasitoïde. Une autre méthode consiste à simuler les plantes : un milieu artificiel convient donc pour la population de pucerons. Dans les deux cas, les filières offrent une tracabilité importante. L’objectif est atteint puisque la production qui s’organise dans des installations biotechnologiques ne réclame qu’une main d’œuvre limitée, et peut s’exécuter à la demande. Le potentiel commercial est considérable : en Europe, la vente de pesticides atteint un chiffre d’affaires de 650 millions d’euros par an.

Les serres avant les cultures ouvertes

C’est le 26 juillet 2004 que Viridaxis se constitue. La PME choisit de s’installer en région de Charleroi, dans le parc d’activité d’Héraclès à Gilly (Zami) : un investissement de plus de 100.000 euros financé par une filiale de Sambrinvest. Vincent Cambier obtient une avance récupérable de  754.250 euros de la Région wallonne pour mettre en place une chaîne complète de suivi et de récolte des productions d’insectes, un projet qu’il entend étaler sur trois ans. Nicolas Spilleboudt, Ingénieur en automatisation et Project Manager dans Viridaxis, aura la responsabilité de développer cette chaîne. A raison de mille à dix mille parasites par traitement d’hectare de culture sous serres, le premier marché sur lequel l’entreprise entend concentrer ses efforts lui laisse de belles perspectives : il représente 10.000 hectares alors que notre capacité de production est de dix fois supérieure, annonce Vincent Cambier. Le challenge est donc de sortir des serres pour aller vers les cultures ouvertes. La lutte biologique en serres est en phase de maturité en Belgique, France, Hollande et Allemagne et en phase d’introduction en Grèce, Italie et Espagne. Par sa diversité de production, la PME peut potentiellement lutter contre tous types de pucerons en cultures maraîchères, fruitières ou florales.

Vincent Cambier, administrateur délégué

Quand il entre à l’Université catholique de Louvain, Vincent Cambier hésite entre une licence en chimie et en biologie. Il choisit la chimie mais pour son mémoire, s’intéresse à la lutte contre les pucerons sous la direction d’un éminent biologiste, le Pr Hance. Il ne va pas quitter son labo : de 1996 à 2000, le jeune licencié en chimie titulaire d’une bourse entreprend une thèse de doctorat sur la résistance du maïs aux pucerons. Son travail va lui inspirer le projet de concevoir des leurres pour des exploitations dans le monde agricole.

Six mois après sa création, Viridaxis occupe cinq personnes dont trois du labo de l’UCL. Vincent Cambier entend distribuer ses produits aux multinationales et grossistes du secteur phytosanitaire pour l’Europe. La pénétration du marché américain se fera en 2006-2007. Le grand challenge sera d’investir les cultures ouvertes qui représentent un potentiel énorme. Le produit est actuellement en test : on devrait connaître les résultats à la fin de cette année, si bien que la commercialisation pourrait débuter en 2006.

Expérience d'entrepreneur en 4 questions et réponses

.Quelle idée nouvelle est à la base de la création de votre entreprise ?

Trois facteurs ont concouru à la mise au point de mon projet : il y avait d’abord l’expérience du laboratoire dans les parasitoïdes. Il y avait aussi notre capacité à mettre au point des milieux artificiels qui se substituent aux méthodes de production classiques. Enfin, il y avait surtout des coûts de revient élevés dans l’industrie traditionnelle. Ces éléments ont fait que mon projet s’est concrétisé : sans l’un d’eux, je ne crois pas que je l’aurais réalisé.

.Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée pour créer ou développer votre entreprise ?

Nos clients sont des multinationales : il est difficile pour une PME de gagner leur confiance, de montrer qu’on est à la hauteur du service qu’elles attendent, que nous avons un produit d’excellente qualité. Nos clients ont surtout des exigences en termes de fiabilité. Nous débutons l’activité, nous n’avons pas d’historique pour nous crédibiliser. Arrêter leur production constitue un gros risque : ils veulent mieux nous connaître, avoir des certitudes sur leurs partenaires industriels. Pour une entreprise de notre taille, établir cette relation durable représente un défi majeur.
 
.Quelle est la plus grande joie ou satisfaction que vous a procuré votre entreprise et –si c’est le cas- pourquoi n’auriez vous pas pu vivre la même chose en tant qu’employé ?

J’ai tant besoin d’autonomie que je serais incapable d’occuper une fonction d’employé. Pour m’épanouir pleinement dans une activité, je dois m’y investir à fond : j’en retire des satisfactions : c’est un plaisir de conduire un projet et d’atteindre les objectifs fixés. On voit directement le fruit de ses efforts. Ce qui me comble dans le métier d’entrepreneur est aussi sa polyvalence : ici, je suis à la fois chercheur, gestionnaire, financier, commercial. Enfin, si je ne m’y retrouve pas toujours dans les horaires, je gagne en flexibilité : j’organise mes journées comme je veux.
 
.Quel petit « truc » proposeriez-vous à un jeune entrepreneur ?

Je lui conseillerais avant tout de partir sur de bonnes bases en faisant une étude de marché et un business plan solide pour valider son projet. Ensuite, il doit s’efforcer de voir des gens qui peuvent l’aider à prendre du recul, à améliorer son produit, à surmonter les obstacles. Enfin, il faut se montrer persévérant. Parce que quand on crée une entreprise, il y a des moments difficiles à passer : résister au découragement, tenir bon, c’est moins pénible lorsqu’on a le soutien de sa famille et de ses amis. Il est en tout cas indispensable d’être passionné et enthousiaste.

Viridaxis (Vidéo de présentation)
Viridaxis
Chaussée de Charleroi, 97

6060 GILLY
 071/48.72.25
 071/42.36.57
Cambier, Vincent
 0497/27.58.10
 071/42.36.57
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